Login

Marché des grains Un peu plus haut encore en blé et orge

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les prix des céréales à paille montent cette semaine en euro à la suite des valeurs mondiales. Toutefois, c’est encore le soja et son tourteau qui augmentent le plus nettement ces derniers jours.

Le blé français finit par suivre la tendance mondiale

Le blé a continué de s’apprécier sur le marché mondial. Les prix américains ont gagné 5 $/t Fob Gulf et les blés ukrainiens 4 $/t ; mais ce sont surtout les valeurs russes qui ont repris de la force, gagnant presque 10 $/t depuis vendredi dernier. Les blés russes à 12,5 % de protéine valent maintenant 265 $/t : cette hausse des prix à l’exportation reflète environ un tiers de la taxe à l’exportation, les deux tiers restants se reportant (à la baisse) sur le prix payé aux producteurs.

 

La hausse reflète également la crainte du retour à une forte rétention dans le pays, à cause du mécontentement des producteurs et de leurs inquiétudes par rapport aux perspectives de la récolte de 2021 (avec un début de cycle du blé très affecté par la sécheresse).

 

Pour les autres origines mondiales, la taxe à venir en Russie signifiait déjà un transfert de demande possible ; à cette demande potentielle supplémentaire vient s’ajouter la hausse des prix russes eux-mêmes : ce cocktail haussier, malgré la force de l’euro, fait grimper le Matif par rapport à vendredi dernier (+2 €/t, à 210,75 €/t mercredi en milieu d’après-midi pour l’échéance de mars) ainsi que les prix sur le marché physique (+2,5 €/t à Rouen, à 209,5 €/t en base juillet).

 

Le Royaume-Uni vient de publier une mise à jour de sa récolte de 2020, déjà catastrophique, et la revoit encore en baisse à 9,7 millions de tonnes (–41 % par rapport à 2019). Bien qu’en dehors de l’Union européenne, ce voisin garde encore une influence sur les prix de l’UE 27. Les règles (ou absence de règles) accompagnant le Brexit restent attendues avec impatience et représentent un aléa pour les échanges Union européenne — Royaume-Uni des prochains mois.

L’orge fourragère suit le blé

L’orge fourragère grimpe aussi, de 2,5 €/t à Rouen, à 196,5 €/t (base juillet), soit +2,5 $/t Fob Rouen à 249 $/t. Les orges européennes sont poussées par le blé alors que leurs concurrentes ukrainiennes restent stables et que les orges australiennes perdent même du terrain (–3 $/t, à 211 $/t Fob).

 

L’Australie lance aujourd’hui un appel auprès de l’Organisation mondiale du commerce, OMC, contre la décision chinoise d’imposer des taxes antidumping et antisubvention d’un total de 80,5 % sur les orges australiennes. Néanmoins, cette procédure va probablement durer longtemps et n’apportera pas de solution à l’Australie pour la campagne en cours.

 

De leur côté, dans un marché sans grande transaction, les prix brassicoles restent quasi stables, voisins de 204 €/t pour les orges d’hiver et de 210 €/t pour les orges de printemps Fob Creil (base juillet).

Peu de changement pour les prix du maïs

Sur le marché mondial, les prix du maïs sont repartis à la hausse affichant des gains de 4 $/t environ en Amérique du Sud, une hausse plus modérée de 1,5 $/t en Ukraine mais une progression marquée aux Etats-Unis de +7,5 $/t par rapport à vendredi dernier.

 

Les prix américains (US) sont poussés par le soja — qui continue sa montée fulgurante, par la demande chinoise ainsi que par les inquiétudes qui se maintiennent concernant l’impact des conditions sèches des dernières semaines sur les cultures en Amérique du Sud. Il est à noter toutefois qu’il a plu ces derniers jours et que le phénomène climatique la Niña est annoncé à son niveau maximal pour les prochaines semaines. Ce qui signifie que sa force va diminuer ensuite, et pourrait ainsi réduire les risques de maintien de la sécheresse en Amérique du Sud.

 

Par ailleurs, selon l’agence Bloomberg, le gouvernement brésilien serait sur le point de passer un accord d’exportation avec la Chine. Cette négociation ne fait pas l’unanimité dans le pays, l’association des producteurs prévenant que rien n’était pressé au regard du manque de disponibilités actuel sur le marché local et les autres débouchés du pays.

 

Dans ce contexte haussier, les prix du maïs français se sont stabilisés à 201 €/t Fob Rhin après leur progression de la semaine dernière. Ils sont beaucoup plus chers que la concurrence et reflètent déjà une situation européenne tendue.

Le soja poursuit sa hausse

Après avoir évolué en nette hausse la semaine dernière, les cours du soja à Chicago se sont envolés encore plus haut cette semaine. Entre le 17 et le 22 décembre 2020, le soja s’est renchéri de 17 $/t à 458 $/t à Chicago, en atteignant ainsi son plus haut niveau depuis août 2014.

 

Plusieurs éléments sont à l’origine de cette hausse. Les grèves entamées depuis le 9 décembre par les ouvriers des usines de trituration se poursuivent en Argentine. Certains personnels des entreprises d’inspection sont en grève également dans les ports. Les opérateurs commencent à craindre pour l’évolution de la logistique d’exportation. Actuellement, le rythme de chargement dans les ports argentins reste paralysé par le mouvement et plus de 100 cargaisons sont en attente de chargement.

 

Cela pourrait donc retarder les exportations de soja à court terme, aussi bien celles d’huile que de tourteau. Dans ce contexte, la demande internationale pourrait se réorienter vers les États-Unis, alors que les stocks de soja s’affaiblissent dans le pays face à la demande accrue de la Chine, qui devrait se maintenir jusqu’à l’arrivée de la récolte brésilienne.

Taxe sur les exportations de soja en Russie

Malgré des pluies récentes, les inquiétudes concernant l’impact des conditions sèches des derniers mois en Amérique du Sud continuent également d’apporter du soutien aux cours de la fève de soja. Outre ces éléments, des achats massifs de positions de la part des fonds spéculatifs sur le soja ont renforcé le mouvement de hausse des cours du soja à Chicago.

 

Cette situation et la montée des prix en Russie ont conduit le pays à mettre en place une taxe de 30 % sur les exportations de soja à partir du 1er février. Cela inquiète les producteurs russes, de l’Est notamment, pour qui les ventes à la Chine constituent un des débouchés importants.

Le tourteau de soja s’envole

Les cours du tourteau de soja à Chicago évoluaient en forte hausse sur la semaine de 19 $/t, à 458 $/t, dans le sillage du soja et du tourteau argentin. Ce dernier a vu son prix flamber de 28 $/t, à 489,75 $/t Fob.

 

Porté par le mouvement de ses homologues, le tourteau de soja à Montoir a augmenté de 23 €/t, à 441 €/t, sur la semaine. Les craintes sur la production de soja à cause des conditions climatiques défavorables en Amérique du Sud associées aux perturbations logistiques dans les ports argentins expliquent cette hausse.

 

Le prix du pois ne réagit pas pour le moment, son cours étant reconduit cette semaine (à 255 €/t départ Marne). Il pourrait cependant réagir assez rapidement à la hausse. Avec la remontée du prix de ses concurrents (dont le blé et le tourteau de soja), le pois devrait raviver l’intérêt des fabricants d’aliments.

Timide hausse des prix du colza

Sur le marché des huiles, l’huile de palme à Kuala Lumpur continue de s’apprécier, dans un contexte où la demande à l’exportation reste dynamique, alors que le stock malaisien d’huile de palme a atteint son plus bas niveau depuis plus de trois ans en novembre 2020. Sur les 25 premiers jours de décembre, les exportations malaisiennes de palme sont en progression (+18 %) par rapport à la même période en novembre, notamment vers la Chine.

 

De leur côté, les cours de l’huile de soja ont grimpé dans le sillage du soja, en dépit d’une baisse du pétrole. Ce dernier se repliait, en raison des craintes sur de nouvelles restrictions de voyage à cause d’une nouvelle souche du coronavirus récemment découverte au Royaume-Uni.

 

D’autre part, les prix des graines de canola à Winnipeg (Canada) ont progressé, de 15 $/t à 499 $/t sur la semaine, face à la fermeté des huiles et du soja. La baisse du dollar canadien par rapport à son homologue américain, a également contribué à la hausse du canola.

 

Les cours européens du colza ont suivi le mouvement de hausse, mais de façon plus timide. Sur le marché physique le colza gagne 2 €/t en Fob Moselle (à 420 €/t) et 2,5 €/t en rendu Rouen (à 418 €/t). Sur Euronext, les cours ont évolué de la même ampleur (+2 €/t, à 414,75 €/t). La force de l’euro par rapport au dollar et le léger retrait du pétrole limitent la montée des prix du colza en France.

Toujours pas de mouvement pour le tournesol français

Le prix du tournesol continue de résister à la hausse généralisée du complexe oléagineux. Son cours à Saint-Nazaire est reconduit cette semaine (à 495 €/t en qualité oléique et standard). En revanche, en mer Noire, la remontée des prix de l’huile de tournesol fait grimper le cours du tournesol (+15 $/t, à 625 $/t Fob).

 

D’autre part, la rétention des producteurs, dans l’attente de nouvelles hausses des prix (à la suite de l’augmentation de la taxe à l’exportation sur le tournesol russe), apporte également du soutien aux prix ukrainiens du tournesol.

 

À suivre : évolution du taux de change euro/dollar, climat en Amérique du Sud et Russie, achats chinois toutes céréales, négociation faisant suite au Brexit.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement